Les débats autour du DMP ou de la mise en place de la T2A mobilisent beaucoup d’énergie et de budget, faisant passer au second plan médiatique d’autres projets de recherche et développement pourtant très prometteurs. L’introduction de la RFID (Radio Fréquence Identification) au sein des établissements hospitaliers offre un large potentiel de solutions très inovantes. Jusqu’à aujourd’hui, la RFID avait trouvé un terrain de jeux naturel dans de nombreux autres secteurs : industrie, grande distribution (gestion des stocks, traçabilité), secteur pharmaceutique, etc.
Les nombreux travaux de recherche réalisés par certains grands groupes ont permis de rendre plus mature et stable les solutions utilisant ces « Radio Fréquence ». Le secteur pharmaceutique par exemple, utilise la RFID UHF pour le marquage de containers métalliques ou encore de bacs en plastique utilisés pour plusieurs livraisons quotidiennes. Si ce dispositif est encore trop cher pour l’utiliser au niveau des cartons ou des produits (il n’est pas non plus adapté à certains emballages utilisés en France comme les tablettes d’aluminium qui contiennent des pilules), d’autres technologies (comme le Datamatrix) sont aujourd’hui largement utilisées pour ce type d’applications. L’ouverture récente de nouvelles fréquences UHF et la baisse régulière depuis deux ans du coût des étiquettes RFID, incitent un nombre croissant d’entreprises européennes de toutes tailles à adopter ce mode de transmission pour le suivi de certains de leurs produits. Spécialistes et responsables logistiques de grandes entreprises préconisent un usage parcimonieux de certaines technologies RFID, en complément d’autres solutions plus éprouvées comme le code-barre ou la technologie 2D Datamatrix (voir glossaire). Combinées, elles sont relayées par un système d’information adapté de façon à gérer le traitement des données en temps réel.
Testées dès 1995 par des grands groupes internationaux de la distribution avec la complicité de plusieurs de leurs grands fournisseurs, les technologies RFID ont acquis plus de maturité depuis. GEN 2, la seconde génération d’étiquettes électroniques spécifiée la même année par le consortium international EPC Global, pour la gamme de fréquences UHF supérieures à 800 MHz, ouvrait un champ d’applications élargi aux technologies RFID. Depuis, une baisse par un facteur de trois du coût des étiquettes RFID proposées sur le marché, permettent à ces acteurs et à quelques autres de passer de l’expérimentation au titre de la veille technologique, au passage en production de certaines applications bien ciblées. Le salon « traçabilité » organisé à Paris en janvier dernier et le forum RFID ouvert à Lille durant l’automne 2006 en présentaient quelques illustrations concrètes. Évoqués dans ce dossier : géolocalisation des patients et du personnel, optimisation de la logistique, sécurisation des accès aux ordinateurs sans contact, traçabilité (cycle de stérilisation, médicaments, etc.).Principaux intérêts de la technologie UHF, dernière en date de la famille RFID : une capacité accrue à capter les données d’une large gamme de produits, à une distance plus éloignée que les bandes hyperfréquences et plus rapidement que les gammes basses fréquences. Une technologie dont les industriels ne peuvent pleinement disposer en France que depuis quelques mois, faute d’autorisation réglementaire jusqu’alors. La bande de fréquences 865-868 MHz, réservée hier à l’usage exclusif de l’armée, a été ouverte aux industriels par décision de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), le 13 septembre dernier. Leur usage est désormais possible sur l’ensemble de l’Hexagone, à l’exception de quelques sites compris dans un rayon de 20 km autour d’une douzaines de bases militaires. La dernière étude 2006 conduite par l’organisation GS1 France dans une dizaine d’entreprises, atteste d’une fiabilité de 92 à 100 % pour la lecture en masse d’étiquettes apposées sur des cartons. Si, à cette fréquence, certains produits liquides et corps métalliques perturbent nettement la transmission de ce signal, comme le rappelle cette même étude, la technologie RFID HF 13,56 MHz affiche en alternative des taux de fiabilité de l’ordre de 98%. Tout l’enjeu actuellement consiste donc à choisir au cas par cas la meilleure des solutions, entre les codes-barres, les différentes offres RFID et la technologie 2D Datamatrix, comme autant de dispositifs complémentaires. Lorsque la nature du produit ou de son emballage le permet, lorsqu’une réutilisation du matériel de marquage est possible dans le cadre d’un cheminement en boucle fermée, la RFID offre un vrai gain productivité. Contrairement aux codes-barres qui sont lus l’un après l’autre, on peut inventorier plusieurs unités lors d’un seul passage. À condition, toutefois, que la valeur marchande du bien ainsi étiqueté soit suffisante pour justifier un investissement sensiblement plus important dans le cas des étiquettes RFID. Elles sont actuellement proposées à un prix unitaire de 10 à 15 centimes d’euros pour des tags passifs et de plusieurs euros pour des étiquettes actives, contre moins d’un centime d’euro pour une étiquette code-barres. Une dépense récurrente dans le cas d’un circuit de distribution en boucle ouverte, c’est-à-dire qui ne prévoit pas la possibilité d’une réutilisation de la même étiquette pour un marquage ultérieur.
La fabrication de médicaments au sein même d’un hôpital pour les besoins des patients est sujette à de lourdes contraintes de traçabilité, à l’image de celles de l’industrie pharmaceutique. La gestion des matières premières et la préparation des médicaments demandent un haut niveau de contrôle et de sécurité. En cas de problème avec un patient, il est nécessaire de pouvoir remonter à la source et de connaître la composition exacte et les conditions de fabrication du médicament prescrit. Si, dans l’industrie, les process sont largement automatisés, à l’hôpital, compte-tenu de la faible taille des lots, les dosages et les manipulations se font manuellement et les procédures de traçabilité sont sous la responsabilité du pharmacien. C’est une activité à haut risque, et particulièrement chronophage.L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière a mis en place, en 2005, un système de gestion de la traçabilité via RFID. Le système est construit autour de la plate-forme Axyo d’Axyome qui assure le contrôle et la sécurisation du cycle de vie complet d’un médicament : de la réception des matières premières jusqu’à la délivrance de la préparation au patient. L’identification des matières premières et des produits finis est transmise via RFID (solution fournie par MBBS) et les données de pesage sont récupérées directement par la plate-forme, ce qui diminue le nombre de saisies et surtout le risque d’erreurs. Le contrôle des numéros de lot, le respect des délais de péremption, le contrôle du dosage sont complètement automatisés. La solution Axyo est 100 % web (Java, base de données MySQL, etc) et les tags RFID sont bien évidement réutilisables. L’investissement est donc limité et accessible à un grand nombre d’établissements hospitaliers.