Le Réseau Hermés

Hermès est une association dont le but est de gérer une plate-forme de mutualisation des ressources informatiques pour les réseaux de santé de la région lorraine. Englobée au départ dans le projet ONCOLOR, elle est depuis devenue autonome et bénéficie d’un financement DRDR propre.

Comment avez-vous abordé la question de l’informatique pour les réseaux ?

Hermès s’est concentrée sur la question de la mutualisation des ressources informatiques en termes de visibilité sur Internet et d’échanges de documents.

Pour le premier volet, nous avons ainsi développé des « templates » prêts à l’emploi que les réseaux adhérents peuvent utiliser pour construire leurs propres sites web.

Pour le second, nous avons travaillé sur l’échange de « données pertinentes », moins dans l’optique de constituer un dossier patient que de construire des outils permettant aux professionnels de mieux préparer les réunions de concertation pluridisciplinaire et, de là, la prise de décision sur les cas particuliers de patients. C’est pour cela que nous avons pris le parti d’un raisonnement orienté « document ». À partir de ce postulat, il fallait des outils simples à mettre en œuvre et assez proches des méthodes papier employées par les médecins. D’un côté, il y a la messagerie sécurisée qui est un outil de base. Et là, nous n’avions pas beaucoup de choix. Il fallait une solution homologuée par le GIP-CPS. Et puis nous ne souhaitions pas mettre en œuvre une architecture à PKI qui nous aurait obligé à administrer des clefs. De l’autre, il fallait réfléchir à une méthodologie de support de communication. Cela a donné SAOCCP et OXsigen. SAOCCP est un outil en ligne qui permet le suivi de RCP et des cas qui y sont soumis. OXsigen est plutôt orienté documents. L’application s’appuie sur un ensemble de formulaires HTML+JavaScript que tout le monde peut lire aisément. Chaque formulaire a une fonction précise en termes communication pluridisciplinaire. L’intérêt des formulaires OXsigen, c’est qu’ils favorisent le va-et-vient entre les différents intervenants. Le document est construit itérativement avant d’être déposé sur la plate-forme d’échanges. Ainsi, nous capitalisons des documents très formalisés qui permettent le traitement statistique qui lui-même est consultable en ligne.

Comment voyez-vous le DMP dans cette logique ?

À notre avis, le DMP a deux mérites.

Le premier est d’éveiller les professionnels de santé à la question de l’informatique, ce qui n’est toujours pas évident aujourd’hui. Le second est d’engager l’industrie informatique dans une réflexion globale sur les logiciels de santé afin de sortir du cloisonnement actuel.

Pour le reste, il y a une demande mais elle reste vague. Le problème est qu’on ne sait pas trop de quoi sera constitué ce dossier. Et qu’on peut se poser la question de savoir quel sera le service rendu. En revanche, nous croyons dans le développement de la télé-expertise. En Lorraine, il y a des problèmes d’expertise médicale dans certaines zones. La radiographie, par exemple, est non seulement en régression mais devient de plus en plus hyperspécialisée. Ceci fait qu’on a de moins en moins souvent le bon spécialiste à côté de chez soi.

Vous avez également travaillé sur l’aide à la décision...

Il y a beaucoup de travail à faire autour de l’aide à la décision et de l’intégration des référentiels. ONCOLOR travaille depuis longtemps maintenant, en collaboration avec le LORIA, le labo d’érgonomie du CNAM de Paris et le Centre A. Vautrin sur le projet KASIMIR. Ce projet a été lancé à une époque où les référentiels n’étaient pas aussi courants qu’aujourd’hui. Il a donc en quelque sorte aidé à bâtir un référentiel, dans son domaine d’expertise, le cancer du sein. Il s’est orienté depuis vers un outil d’aide au traitement qui s’appuie sur les référentiels validés et reconnus.

Le moteur en est à sa quatrième version. On commence à étendre son application à d’autres domaines : suspicion de neutropénie, prise en charge de la douleur. On essaie de prendre en compte les effets de seuil. Si un référentiel dit « au-delà de 45 ans », il est évident que ça s’applique différement à chaque malade.

Il y aurait un intérêt à pouvoir faire de la recherche textuelle à l’intérieur des comptes-rendus. L’ambition serait aussi de pouvoir un jour traiter des cas hors-référentiels, mais pour l’instant on n’y est pas encore. C’est donc un sujet qui est porteur de nombreux développements.

Pour l’instant, nous n’avons pas assez de recul pour mesurer l’efficacité du système. Depuis qu’il est accessible en ligne, il est néanmoins consulté. Nous pensons qu’à l’avenir, il pourrait s’intégrer comme un module dans le dossier patient, pour l’aide à la décision. Comme une bibliothèque incluse dans des architectures logicielles plus vastes.

Comment se situe Hermès dans le paysage régional ?

Avec l’annonce du DMP, cela va changer beaucoup de choses. Hermès est une structure encore relativement fragile, soumise aux aléas financiers. Notre préoccupation est davantage de devenir un centre d’expertise pour les réseaux et les institutions, une interface entre les professionnels de santé et les futurs acteurs de l’industrie du logiciel. Par exemple, nous avons participé au SROS dans le cadre de la télémédecine. Nous allons devoir nous adapter, tant du point de vue structurel (passage d’association à une autre forme juridique) que de l’interfaçage des outils que nous avons développés avec les futures obligations du DMP (confidentialité, etc.) dont on ne sait pas encore grand-chose, à vrai dire.

Mais le DMP n’est pas une pièce centrale de notre développement. Nous allons plutôt y travailler avec les industriels, en tant que maître d’ouvrage. 1) Système d’Aide à l’Organisation des Comités de Concertation Pluridisciplinaire

2) Réunions de Concertation Pluridisciplinaire