Le partage d’informations généralisé est inéluctable

Yannick Motel, Délégué général de la Fédération LESISS - www.lesiss.org - (à laquelle adhèrent les principaux acteurs du marché) est également secrétaire général d’Edisanté, et membre du Forum des droits de l’Internet.

En matière de dépenses de santé, celles de la France - en augmentation constante - se situent aujourd’hui dans la moyenne haute du concert des nations européennes. Si la symétrie entre les ressources affectées et la qualité des soins fait aujourd’hui débat, un sujet fait en revanche consensu : sans Système d’Information de Santé (SIS) adapté, le maintien de la qualité des soins dans un contexte d’orthodoxie budgétaire et d’évolution démographique menaçante conduira inéluctablement à des choix douloureux, voire dangereux. Or, en matière de SIS, le constat d’archaïsme est accablant, les systèmes en place étant au mieux à vocation médico-administrative, généralement non-communicants.

Pour autant des solutions « médicalisées » interopérables existent, en témoignent nombre de projets en cours ou achevés en divers endroits de notre continent, portés par des industriels présents en France et prêts à les déployer. À ce sujet, l’un des obstacles perçus relève de la multiplicité des offres, notamment dans le secteur de la médecine de ville. À l’évidence, et comme c’est déjà le cas dans la sphère hospitalière, seuls quelques acteurs de dimension européenne s’imposeront à terme (l’informatisation du NHS se fait aujourd’hui avec trois éditeurs spécialisés). De ce point de vue, la réglementation ambitieuse, mise en place par le législateur et visant à assurer un partage d’informations généralisé de santé (PIGs) est essentielle. Le DMP, présenté comme le deus ex machina de cette information partagée n’en est que l’un des composants, au même titre que les autres outils de travail collaboratif : dossier de cancérologie communicant, dossier médical d’établissement, télésanté.

Ces outils s’intégreront au fil de l’eau dans la régionalisation du schéma sanitaire en cours, pour former des territoires numériques de santé inter-communicants. Ainsi brossé, le tableau paraît clair, mais il reste toutefois quelques obstacles à lever : promouvoir une véritable politique industrielle pour assurer le succès du PIGs, et assurer l’articulation des différents projets par un pilotage national transverse. Il faudra, en outre, rapidement trouver le modèle économique qui permettra de financer les investissements à la mesure des enjeux, faute de quoi le PIGs restera cantonné dans le registre cosmétique. Sur ces sujet, la Fédération LESISS, qui a déjà fait la preuve de sa détermination, poursuit ses travaux aux côtés des décideurs politiques et institutionnels concernés.