La question ne fait plus débat aujourd’hui, les médecins sont en grande majorité converties à l’informatique. L’arrivée prochaine du DMP va néanmoins marquer une nouvelle étape en renforçant la communication avec les patients mais aussi les échanges d’information entre les professionnels. Jusqu’à présent, seules les données techniques bénéficiaient de formats d’échanges standardisés (format DICOM pour la radiologie, et HPRIM pour les laboratoires).
Les logiciels de gestion de cabinets ne partagent malheureusement pas encore de formats normalisés pour faciliter les échanges d’un dossier patient partiel ou complet. Comme le souligne Nicolas Calloix, directeur marketing produit chez Axilog, « s’il est possible de s’appuyer sur des normes pour les diagnostics (CIM 10) ou pour la prescription médicamenteuse (codes CIP), il n’y a pas encore, par exemple, de standard commun pour identifier le motif d’une consultation (des travaux sont néanmoins en cours). » Au final, les possibilités d’import et d’export d’un dossier patient, par exemple lorsque l’on change de logiciel ou simplement pour récupérer l’historique d’un patient qui déménage d’une région à une autre, sont très limitées et se réduisent bien souvent à un simple fichier texte.
La phase d’expérimentation du DMP a permis de souligner les besoins en matières d’interopérabilité, notamment pour éviter au médecin la double saisie pour alimenter le DMP. Les éditeurs vont donc devoir établir des passerelles pour assurer un dialogue bi-directionnel et automatisé entre un Dossier Patient Personnel (avec l’accord du patient) et le dossier métier de son logiciel.
Francis Mambrini, Directeur de l’entité en charge du DMP au sein de Cegedim, dresse un premier bilan des expérimentions menées en Alsace et en Aquitaine Nord : « La contribution des médecins libéraux est l’un des enjeux majeur de réussite du projet. Tous ceux qui ont participé ont été équipés de solutions DMP-compatibles afin d’éviter les doubles saisies. C’était un postulat de base. Cela n’aurait pu d’ailleurs fonctionner autrement, les médecins ont déjà bien assez de contraintes à gérer à l’heure actuelle. Le volet médical de synthèse est donc structuré au format HL7 CDA qui garantit une réelle interopérabilité. »
Le DMP aura un impact indirect sur la manière de rédiger les comptes-rendus médicaux et tous les documents qui pourront être communiqués au patient : « Nous ne rédigeons pas de la même façon un courrier s’il est adressé à un confrère ou à un patient. De plus, certaines informations non-médicales, telles des mémos, des notes ou des appréciations, strictement personnelles sont bien évidement destinées à ne pas être partagées et ne doivent pas, par conséquent, sortir du logiciel du praticien. »