L’informatique médicale intéresse le médecin

Par Marie-Françoise de Pange du Quotidien du Médecin

Pour tout le monde, surtout dans la sphère gouvernementale, il est évident que le médecin français est informatisé et télétransmet ses feuilles de soins. Il est bien sûr connecté à Internet. Ce qui permet, par exemple, de décréter en haut lieu une généralisation du DMP dans un laps de temps intenable, qu’il faudra finalement retarder.

Il est vrai que les chiffres fournis par les enquêtes ont tendance à corroborer ces déclarations optimistes. Une récente étude du Cessim (juillet 2006) évalue à 90 % le taux d’équipement informatique des généralistes et à 85 % celui des spécialistes, avec des taux d’accès à Internet de 75 et 68 %. Sur le terrain, la situation était toutefois jusqu’ici plus contrastée. On s’apercevait que l’ordinateur servait uniquement à la secrétaire, Internet à la télétransmission et que le haut débit, c’était pour les usages privés. On sait aussi que la télétransmission ne touche en fait que 75,4 % des médecins et qu’à Paris, un peu plus de la moitié des généralistes seulement acceptent la petite Carte verte.

Mais les temps changent et la transformation digitale se développe dans le secteur de la santé. Il semblerait, si l’on en croit les principaux éditeurs de logiciels médicaux, longtemps enclins à se désoler du manque de motivation de leurs clients face à la chose informatique, que les médecins commencent enfin à s’intéresser en nombre aux applications installées sur leur poste de travail. Les questions sont plus fréquentes. Les demandes se font plus précises. Les médecins comparent et savent ce qu’ils veulent. Ils s’approprient les nouvelles technologies. Comme s’ils comprenaient soudain que l’informatisation, ce n’est pas seulement une obligation imposée par ordonnance ministérielle, mais un monde de services.

Il faut dire que les logiciels leur offrent des fonctionnalités de plus en plus avancées avec des maquettes toutes prêtes qui leur font gagner du temps, des formulaires remplis automatiquement, des agendas qui gèrent aussi la salle d’attente, de l’aide à la prescription performante, des informations contextuelles référencées, le téléchargement des mises à jour d’un simple clic, etc.

Pour les éditeurs, même si les expérimentations ont été plutôt décevantes car inachevées, le Dossier Médical Personnel et la perspective de sa généralisation ont eu un effet d’entraînement. Le médecin dans son cabinet, qui est d’ailleurs de plus en plus un cabinet de groupe, a pris conscience du bien-fondé des échanges électroniques avec les confrères, avec l’hôpital, voire avec le patient, du besoin de sécuriser et de normaliser ces échanges. Il sait que, sans informatique et sans dossier patient bien structuré, il n’est plus possible de mener à bien ces nouvelles pratiques médicales.