Dans l’acte intime, depuis des générations, le partenaire masculin n’avait comme choix de contraception que le retrait et les préservatifs. Ces derniers qui ne font pas l’unanimité pour des raisons de confort et de plaisir. Depuis des décennies, les experts du domaine multiplient les recherches pour trouver un moyen de contraception pour homme. Il s’avère que la tâche n’était pas évidente, mais les recherches semblent avoir abouti sur quelque chose de positif. En effet, lors du congrès annuel de l’Endocrine Society qui s’est tenu récemment à Chicago, on annonce le succès de l’étude de phase I de la pilule contraceptive pour homme.
Contraception masculine : au centre de l’attention
C’est en 2012 qu’est apparu officiellement une première idée de contraceptif hormonal pour
homme. Plusieurs études ont été menées, et différentes molécules et dérivées ont été testées mais leurs séquelles sur la santé et la fertilité ont forcé les laboratoires de recherche à abandonner et chercher d’autres issus. Le JQ1 paraissait être la solution-miracle. En effet, le JQ1, une dénomination à l’hommage du chimiste Jun Qi, est une molécule utilisée dans le traitement du cancer. Il s’est avéré avoir une action stérilisante chez des souris mâles. Après l’administration du composé, les sujets n’ont pas présenté d’effets secondaires graves, ne serait-ce que le volume de leurs testicules a légèrement diminué. Ce composé dévoile une action bloquante de la fabrication de gonadotrophine chez le sujet masculin. Le traitement se présentait sous format injectable, mais les scientifiques étaient confiants de pouvoir mener à succès la conception de pilule en prise orale. Tout au long du traitement, les rongeurs n’ont pas présenté de réactions négatives alarmantes, ni de baisse de la libido. Par ailleurs, les tests passés sur les cobayes ont prouvé que l’effet du traitement est tout à fait réversible. Lorsqu’on a arrêté les injections, les souris ont retrouvé leur capacité reproductive et leur progéniture semblent être en parfaite santé.
Les hommes : à fond pour prendre la pilule
Bien que le JQ1 semble être un franc succès auprès des petits rongeurs, il n’a pas encore été testé sur un sujet humain. Les chercheurs scientifiques se sont alors accrochés à l’espoir de trouver un dérivé du JQ1 plus spécifique pour un résultat plus efficace. D’après des sondages menés, pas moins de 70 % des hommes reconnaissent vouloir prendre la pilule. Si les concernés semblent prêts à prendre leur part de responsabilité dans l’acte conjugal, l’effet du JQ1 sur l’atrophie testiculaire leur freine. Ils ont alors continué à percer la piste de cette molécule pour trouver un médicament efficace tout en supprimant ce seul effet secondaire constaté. Il est encourageant que le partenaire masculin ne soit pas réticent à l’idée de prendre la pilule, pour que la femme ne soit pas la seule à être impliquée dans cette responsabilité partagée. Cette
contraception masculine peut tout à fait être combinée avec toutes les formes de contraception féminine déjà en pratique, de façon à doubler de prudence et prôner l’égalité homme-femme.
La pilule est là
Plusieurs théories ont été émises et testées dans la recherche d’un moyen de
contraception pour la gent masculine. Les chercheurs ont songé à tuer les spermatozoïdes en surélevant la température des testicules, ou encore à ligoter les canaux qui libèrent le sperme. Ils ont exploré la piste de la modification de la structure des spermatozoïdes pour qu’ils n’atteignent pas l’ovule dans leur course. Mais toute contraception orale testée présentait des méfaits considérables sur la santé. La prise de pilule sur une période plus ou moins longue risque de provoquer une inflammation du foie. De plus, elle est éliminée très rapidement par l’organisme qu’une prise quotidienne ne suffisait pas, il faut la doubler. Ils sont donc restés sur la piste de la manipulation de la spermatogenèse, le processus de fabrication de spermatozoïdes, de façon à ce que, temporairement, l’organisme n’en produise pas. Cette dernière étude a très récemment abouti à un résultat prometteur, une pilule contraceptive pour homme. Pilule pour laquelle les chercheurs garantissent en avoir supprimé les risques graves sur la santé. De son nom dimethandrolone undecanoate ou DMAU, ce contraceptif se lie tant aux récepteurs des androgènes, qu’à ceux de la progestérone. Tout comme la pilule de la femme, le DMAU se prend une fois par jour, tous les jours et il agit sur 24 heures.
Des effets fâcheux légers
L’étude a été menée sur 40 cobayes humains : hommes américains de 18 à 50 ans. Pour ce faire, les chercheurs leur font prendre trois dosages différents. Sous deux formats, huile de ricin et poudre, ils prescrivent à chaque groupe une dose respective de 100, 200 et 400 milligrammes de dimethandrolone undecanoate. À chaque groupe, formé chacun de 10 hommes, ils donnent à la moitié la pilule et à l’autre moitié un comprimé non actif. Les volontaires ont fait une prise quotidienne au repas sur une période de 28 jours. Au début comme à la fin des tests, des analyses sanguines ont été effectuées pour pouvoir constater les changements. Effectivement au bout des 28 jours, pour ceux qui ont pris la dose de 400 mg, les scientifiques ont constaté une suppression considérable du niveau de testostérone et des deux autres hormones responsables de la production des spermatozoïdes. Ce résultat démontre l’efficacité du contraceptif. Les participants ont remarqué qu’ils ont pris un peu de poids et les analyses démontrent une légère chute du HDL. Mais ces effets n’ont aucune conséquence alarmante sur la santé. À part ces légers contraints, les volontaires ont noté durant le traitement, de la fatigue, des acnés, des maux de crâne ponctuels, une légère baisse de la libido, et des petits troubles de l’érection. Mais tous ceux-ci remarquent-ils ne font pas baisser l’activité sexuelle.
Sur le commerce dans dix ans
Bien que les résultats montrent qu’effectivement le contraceptif masculin, appelé scientifiquement pour l’instant 11β-MNTDC, est le petit miracle attendu depuis des décennies, sa commercialisation semble-t-il n’est prévue que dans dix ans. En effet les tests sur les volontaires ont été réalisés sur une période de 28 jours. Un délai que les chercheurs scientifiques considèrent comme insuffisante pour observer la suppression optimale des spermatozoïdes. Ils estiment donc qu’il est nécessaire de mener des études plus longues avant de tester le médicament sur des hommes en couple et sexuellement actifs. Malgré son efficacité constatée, la durée de test mené avec la pilule sur le sujet humain n’est pas raisonnable pour pouvoir commercialiser le produit.
D’autres études parallèles sont en route et explorent la piste des ultrasons comme moyen de contraception. Dans les années 70, les scientifiques ont remarqué que les spermatozoïdes n’aimaient pas les ultrasons. Ils ont alors pour essayer de mesurer et quantifier ce fait. Exposer les spermatozoïdes à des ondes sonores de 1 à 3 Mhz, son taux est descendu à dix millions de spermatozoïdes par millilitre. Sachant qu’un
homme est considéré stérile quand il a moins de quinze millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme, cet impact de l’ultrason sur les spermatozoïdes intéresse beaucoup les scientifiques. De plus l’effet de l’ultrason a été bien plus significatif quand l’expérience a été menée dans une solution saline chaude. Néanmoins, il faut pousser les recherches avant d’appliquer sur l’homme : connaître la durée de son effet et dépister les éventuelles conséquences de son utilisation à long terme sur l’organisme.